2eme cycle, L'application de la justice

Réflexion éthique: Les interrogatoires « renforcés »

Il y a quelques semaines, je suis tombée sur une série intitulée Le Tournant, ou Turning Point en anglais. Cette mini-série documentaire porte sur les attentats du 11 septembre 2001: les éléments historiques qui ont mené aux attentats, les attentats en eux-mêmes, puis les conséquences de ces attentats. Vous pourrez regarder ça ici (si vous avez Netflix, bien sûr): https://www.netflix.com/ca-fr/title/81315804

Aperçu de la série

C’est très « américain » dans le sens où on y voit plein de témoignages touchants de pompiers, de policiers ou de leurs enfants, qui expliquent toutes les conséquences que les attentats ont eus sur leur vie et à quel point ils ont été courageux.

Le troisième épisode a suscité un peu plus ma curiosité d’un point de vue éthique. On y parle du développement de la prison de Guantanamo et des flous juridiques qui ont permis son fonctionnement. Ainsi, Guantanamo est un peu sous la juridiction de « personne » d’un point de vue international et c’est exactement la raison pour laquelle les américains ont choisi d’y établir leur prison.

De plus, le fait de qualifier les gens qui y sont emprisonnés de « détenus » et non de « prisonniers » fait en sorte que la prison peut échapper aux réglementations de Genève sur les prisonniers de guerre. Puisque les présumés terroristes ne sont pas reconnus comme des soldats liés à un État, il n’est pas obligatoire de les traiter selon la convention de Genève. On peut donc utiliser des méthodes d’interrogatoire disons…différentes.

Il faut garder en tête que les Américains disent avoir affaire à des « fanatiques » prêts à mourir pour leurs idéaux. Il ne serait donc pas possible de conduire les interrogatoires de façon classique, en essayant de raisonner les prisonniers – pardon, détenus! – pour les convaincre qu’il est important de déjouer les prochains attentats potentiels. Et les Américains ignorent où et quand ces prochains attentats pourraient avoir lieu, mais craignent que l’on s’en prenne encore à une population civile qui n’a rien demandé et qui veut juste vivre sa vie tranquillement.

Dans de telles circonstances, est-il acceptables de « forcer » des aveux avec des techniques qui ne relèvent pas tout à fait de la torture selon eux, mais presque? Privation de sommeil, humiliations, postures inconfortables, nudité, simulation de noyade, utilisation des chiens etc. On ne parle pas des engins de torture du Moyen-Âge, mais quand même on ne respecte pas tout à fait la Charte des Droits et Libertés.

Alors j’en ai fait une réflexion éthique, utilisable au 2ème cycle dans le cadre du thème de la Justice, principalement.

Premièrement, je me suis inspirée des informations présentées dans le documentaire de Netflix pour rédiger un texte de 2 pages, L’Art d’obtenir des informations. Dans le document de travail de l’élève, un gabarit de réflexion éthique suit. Une grille d’évaluation est incluse et permet une correction rapido-presto.

Aperçu du texte
Aperçu du gabarit de réflexion éthique

J’ai aussi créé un corrigé à partir de Power Point. Il peut être réservé à l’usage de l’enseignant, mais il pourrait également être projeté pour une correction collective.

Pour aller plus loin dans la discussion, j’ai aussi inclus des portraits de soldats britanniques déployés en Afghanistan et des pistes de réflexion sur ces portraits. Les soldats ont été photographiés avant, pendant et après leur déploiement. On voit dans leurs regards que leurs vies ont été changées.

L’objectif est d’amener les élèves à réfléchir sur les effets de la guerre sur les individus. La violence en contexte de guerre a des effets sur celui qui la subit, mais aussi souvent sur celui qui doit la commettre. On pourrait se questionner sur les effets des interrogatoires renforcés non seulement sur les détenus qui les ont subis, mais aussi sur les personnes qui ont exécuté les ordres qui leur ont été transmis.

Aperçu de la présentation

L’enseignant qui voudrait aller plus loin pourrait même faire des liens avec les expériences de Milgram et le fameux jeu télévisé « Le jeu de la mort », où des cobayes ont été encouragés à utiliser des chocs électriques sur d’autres participants (les chocs étaient faux, les cris de souffrance aussi, mais la personne qui les administrait ne le savait pas). Ces expériences n’ont pas été sans conséquences.

Bref, cette chouette réflexion éthique vous sera accessible sur le site Mieux Enseigner, en échange de quelques deniers, et c’est par ici: https://www.mieuxenseigner.ca/boutique/la-prof-decr

Bon cours, là!