Ressources pour les profs

Film: Polytechnique

Le 6 décembre 1989, j’avais 4 ans. Aussi bien dire que je n’ai aucun souvenir des événements. Je fais partie de cette génération qui n’a pas connu les premières tueries dans les écoles, mais qui a vu le phénomène prendre de l’ampleur à mesure que j’avançais dans ma scolarité (quoique je fais partie des élèves évacués de leur école après une prise d’otage le 1er décembre 1997 à la Polyvalente La Forêt).

Pochette du film

Je fais aussi partie de cette génération qui a grandi avec des adultes qui disaient que les filles pouvaient tout faire, mais qui avaient quand même des attentes différentes envers les filles qu’envers les garçons.

Et puis j’ai mis au monde deux filles, et le regard que je porte sur le monde a encore changé. Et changera encore, nécessairement.

J’ai vu ce film alors que j’étais encore dans mes premières années d’enseignement. Je crois que c’est nécessaire quand on aborde non seulement la question du féminisme, mais celle de la santé mentale, du contrôle des armes à feu, de la sécurité dans les écoles, de l’évolution des mentalités, des questions de genre. Dans la lutte à l’égalité des sexes, il faut également prendre soin de nos garçons, selon moi.

Bref.

Ne montrez pas ce film à vos élèves. Non, non, non. C’est épouvantablement violent. Pas nécessairement dans les images ou l’histoire, mais à cause de notre situation.

La première fois que j’ai vu le film, j’ai dû prendre une pause à mi-parcours. J’étouffais littéralement. Le décor du film est mon cadre de vie depuis que j’ai genre 5 ans. Des allées de casiers, des pupitres, j’ai toujours évolué là-dedans. Un jour, je suis entrée en maternelle, et puis j’ai pris mon diplôme à la fin de l’année scolaire pour retourner à l’école en tant qu’enseignante dès l’automne suivant.

Soyez avertis.

Il en reste que ce sont des événements qui ont été marquants pour l’histoire du Québec, qui doivent faire partie de notre mémoire collective.

D’ailleurs, un reportage tourné récemment (2019) a été diffusé pour rappeler ces événements et expliquer comment ils ont encore un impact, 30 ans plus tard. Vous pourrez le voir ici:

Cliquez sur l’image pour vous rendre sur Tou.tv.
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L’alliance de la Brebis, Gabrielle Lavallée

Il semble y avoir un débat en ce moment sur la façon de nommer certains groupes religieux. Doit-on les appeler des sectes? Des nouveaux mouvements religieux? Des groupes sectaires? Des groupes religieux marginalisés?

De ce que j’en avais compris, j’utilisais une classification beaucoup plus simple (mais attention, pas simpliste pour autant!). Une religion, c’est quelque chose qui est généralement bénéfique pour les gens qui la pratiquent. Une secte, c’est quelque chose qui est généralement mauvais pour les gens qui la pratiquent.

Évidemment, on tombe ici dans le jugement de valeur. Mais n’est-ce pas justement la question? Qui détermine ce qui est une secte de ce qui est une religion? Et au regard de quels critères? Donc on revient à la question de départ: qu’est-ce qui est bon, qu’est-ce qui est mauvais?

J’utilisais les critères identifiés par Info-sectes, que je trouvais aussi clairs que difficile à interpréter, dans le bon sens du terme. Quand on parle d’exigences financières exagérées, par exemple, qui détermine où est la limite? Et c’est exactement le problème vécu par les gens (et leur entourage) aux prises avec des groupes religieux sur la ligne entre le sain et le malsain.

Cliquez sur le logo pour avoir accès au site officiel. https://www.infosecte.org/

Aucun groupe ne recruterait des fidèles en leur disant « Nous vous exploiterons, vous détruirons, vous rendrons seuls, misérables et malheureux, venez! ». Des gens intelligents, brillants, altruistes, sains et bien entourés reconnaitront pourtant parfois avoir été séduits par une secte. Pourquoi?

Je trouve que le livre de Gabrielle Lavallée offre beaucoup de pistes de réflexion. Pour ceux qui connaissent la tragique histoire de la secte de Roch (dit Moïse) Thériault, vous comprendrez vite qu’il ne s’agit pas d’un livre à mettre entre les mains de vos élèves. Le témoignage y est cru, vrai, direct, sans censure. Les sévices sexuels, la violence, les crimes et autres y sont clairement expliqués.

Vous pourrez souvent trouver ce livre dans les bouquineries. Même s’il date de quelques années, les enseignements qu’on en retire ne sont pas moins utiles, au contraire.

Mais c’est nécessaire puisque ça fait partie de toute la réflexion philosophique, humaine et spirituelle qui peut amener un être humain ordinaire à croire que ces comportements ont un sens, qu’ils sont nécessaires et justifiés. Madame Lavallée explique très bien les étapes qui amènent à raisonner ce qui n’est pas raisonnable. C’est difficile à expliquer – elle le fait mieux que moi, lisez son livre -.

Le fait de le comprendre de l’intérieur permet de changer le discours sur les « illuminés » qui adhèrent aux sectes et de comprendre que ce n’est pas un choix. C’est un ensemble de facteurs, de circonstances, de hasards. Ces personnes ne sont pas crédules, choisies au hasard.

Et surtout, surtout: les sectes ne visent pas uniquement les personnes qui sont croyantes. Elles n’en ont pas besoin, elles ont déjà des croyances (quoique…). Ce sont toutes les autres, qui se cherchent, qui posent des questions, qui cherchent des ancrages, qui sont le plus à risque. Au Québec, ça représente beaucoup de monde.

À un moment où les « coach de vie », les produits naturels, les retraites méditatives, l’art-thérapie, les thérapies alternatives, les croyances personnelles, le vedettariat et autres sont aussi populaires, je crois qu’il faut envisager les groupes sectaires d’une autre façon. L’heure n’est plus aux chorales qui changent en robe de lin bio dans des champs (quoique…). On doit être vigilant, et outiller nos élèves. Tout ce qui brille n’est pas or.

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Film Ce qu’il reste de nous – Kalsang Dolma

Je classe ce film dans la catégorie des ressources qui s’adressent plus aux enseignants qu’aux élèves. Je ne vous suggère pas nécessairement de le montrer aux élèves (non, même si tu te dis que ça pourrait « boucher » deux cours…)

Mais c’est un film qui permet aux humains de mieux connaître les humains. Et comme c’est un peu l’objectif de notre cours, je pense qu’il peut être utile de s’outiller régulièrement.

La pochette du DVD

Ce qu’il reste de nous, c’est le parcours de Kalsang Dolma, une Québécoise d’origine Tibétaine, qui décide de se rendre au Tibet. Elle a caché dans ses bagages un lecteur DVD portatif et un enregistrement qu’elle a fait du Dalaï-Lama. Elle se rend à la rencontre d’un peuple pour l’aider à se reconnecter à ses racines.

C’est un film qui m’a permis d’apprendre énormément sur l’histoire du Tibet, leur culture, leur religion, leur situation politique. Il peut être intéressant de parler de la situation du Tibet quand on parle du bouddhisme, pour illustrer le fait que les religions ne sont pas des blocs statiques, elle évoluent et se déclinent en différentes versions. Il peut être intéressant de souligner que des gens de toutes les religions peuvent se rendre coupable d’oppression, que ce n’est pas réservé à certaines traditions religieuse en particulier.

J’en profitais aussi pour faire réaliser aux élèves que les situation de discrimination/génocide/oppression que l’on voit en histoire n’appartiennent pas qu’au passé. L’humain est encore capable de se rendre coupable de ces crimes.

Au premier cycle, j’abordais le sujet lorsque je parlais de la liberté d’expression.

J’avais vu ce film à l’époque où il était sorti au Théâtre du Cuivre de Rouyn-Noranda et je me souviens avoir vu des affiches un peu partout dans le bâtiment pour expliquer aux gens de ne pas prendre d’images du film pour protéger la sécurité des participants qui ont témoigné dans le film. Quand même.

Vous pourrez le trouver peut-être au club vidéo de votre quartier, ou encore sur Archambault ici:

https://www.archambault.ca/films/ce-qu%27il-reste-de-nous/latulippe-hugo-prevost-francois/pdx202194002/?id=968596